L'écriture est parole et silence à la fois.

                                                   Denys Gagnon

Chaque début de cycle est le moment idéal pour définir de nouvelles perspectives, marquer le début d'un engagement, tirer quelques bilans et reprendre de bonnes habitudes. Plus important encore, il offre l'occasion de saluer son passé avec fierté et réorienter ses priorités en concentrant son énergie sur ce qui compte réellement. La promesse de poursuivre son évolution, d'exploiter ses ressources et de s'engager dans la mission de tirer profit du meilleur, comme du plus éprouvant. 

Avant de poursuivre, je souhaiterais vous adresser mes meilleurs voeux de bonheur et d'accomplissement pour cette nouvelle année. Qu'elle vous ouvre les portes de tout ce que vous rêver de faire ou de devenir.

J'éprouve une immence joie de pouvoir m'exprimer à nouveau ici aujourd'hui, appelée à faire renaître ce lieu qui me rappelle au plus intense, merveilleux et anecdotique de ces trois dernières années. 

Notre incroyable histoire indienne s'est géographiquement achevée il y tout juste une année. Je dois reconnaître que notre retour s'est effectué de manière plutôt soudaine et dans une certaine discrétion. J'ai vraisemblablement eu besoin d'un temps de retrait, de compréhension, d'acceptation, qui fut propice à de longues et interminables heures d'écriture. Initialement "thérapeutique", ce fabuleux moyen d'expression   prit définitivement une dimension inattendue. 

 L'idée d'un retour fut pour ma part terriblement difficile à accueillir, mais il prit sens au fur et à mesure que je retrouvais mes marques et redécouvrais, avec un regard nouveau, mon pays, ma place, mon entourage et mes priorités. En réalité, ces nouvelles visions n'étaient que le reflet d'un changement intérieur, d'une manière différente de recevoir et interpréter tout ce qui se passait dans ma vie. Il était alors essentiel que j'explorer plus en profondeur la symbolique de cette prise de conscience, optant pour une forme de retrait plutôt que de reprendre place activement en société. Entretenir cette solitude me permettait inconsciemment de poursuivre ce voyage initiatique que définit clairement le contenu de ces trois années de vie en terre indienne. 

Je réalisais certes que ma disponibilité et mes rapports avec l'ensemble de personnes que je retrouvais restaient presque aussi rares que du temps de mon absence, j'ai de ce fait probablement pu paraître aussi sauvage que désintéressée aux instants de partage, et m'en excuse. Mais j'avais une priorité qui était de me réconcilier avec mon sentiment de non aboutissement, comme si je tenais en chacune de mes mains un morceau de ma vie, cherchant désespérément le rivet qui allait les unir. Je devais m'accorder le temps et les moyens nécessaires pour découvrir la subtilité des bienfaits qui devaient forcément être dissimulés entre les nombreuses incompréhensions, frustrations ou colères vécues durant notre parcours quelque peu atypique et éprouvant.

Comprendre allait me permettre de relâcher une partie des exigences et des principes qui n'entraient plus dans mes valeurs fondamentales. Comprendre était le démêlage indispensable d'un amalgame de confusions, pour ensuite accéder à l'éveil de conscience qui se présente aujourd'hui clairement comme étant la richesse de mon odyssée. Me confronter à toute cette nouveauté, à cette soudaine réalité et à moi-même était un besoin, un aboutissement majeur, qu'importait le temps que cela allait nécessiter. C'était la clé pour poursuivre ma route avec humilité et sincérité.

Il faut courir des risques. Nous comprenons vraiment le miracle de la vie quand nous laissons l'inattendu  se manifester.

                                                                                                                 Paulo Coelho

Je pensais aussi souvent à vous, lectrices et lecteurs qui veniez régulièrement vous promener d'une page à l'autre de mon blog sans que nous nous connaissions personnellement. J'avais grand plaisir à partager avec vous des fragments de notre histoire indienne totalement improvisée, et j'appréciais vos retours qui me parvenaient au travers d'innombrables messages privés ou laissés en fin d'articles. Je suppose que mon abrupte silence a pu susciter curiosité et suppositions. Je justifierais alors cette longue rupture d'activité sur mon blog par un enchaînement de faits et de circonstances face auxquels j'ai simplement répondu par de l'abstinence.

Effectivement, j'ai soudainement perdu l'intégralité du contenu de mon ordinateur, soit mes textes, mes images et nombreux autres documents servant à alimenter mon blog. Je n'ai jamais pu récupérer son contenu, rien de rien! Je me suis de ce fait retrouvée sans ordinateur des mois durant, avec l'intention de patienter jusqu'à notre prochain séjour en Suisse pour me re-munir d'un instrument de partage avec clavier "Qwertz".  Mais très vite, toutes nos prévisions furent balayées par le triste pressentiment que la fin de notre histoire à Mumbai s'approchait. Puis, très vite, les préparatifs pour faire machine arrière et mettre à néant tout ce que nous avions mis sur pied suffirent à mettre un terme provisoire à la rédaction de mes articles.

Une fois de retour en Suisse, j'ai rencontré quelques soucis techniques relatifs à l'alias de mon blog. Sans autrement essayer de remédier à ce blocage technique, j'ai simplement réorienté la manière de laisser s'exprimer mon besoin d'écriture en inscrivant noir sur blanc les monologues et les décryptages qui s'enchaînaient dans ma tête jour après jour. J'y ai consacré l'entier de mon temps libre, grand nombre de mes soirées et quelques nuits, matérialisant mes pensées tant que je résistais à la fatigue et que mon organisation ou mes engagements familiaux me le permettaient . 

Rien de tel que les bonnes vieilles méthodes... Sympathique rencontre près de la gigantesque mairie de Mumbai. Cet homme me rédigea un document personnel nécessitant ensuite un timbre officiel qui me fut octroyé par un "bureau" situé quelques mètres plus loin sur le même trottoir.

Précisément 22 mois se sont écoulés depuis mon dernier article. Cela semble loin, mais en réalité je me souviens très bien de cette période. Nous venions d'engager une nouvelle "Didi " à la maison, une jeune fille au sourire hypnotisant, et nous étions sur le point de réellement débuter une activité professionnelle stable en ayant misé sur un concept de distribution de purificateurs d'air commercialisés par une entreprise Suisse. Le mois suivant nous profitions de passer quelques semaines auprès de nos familles puisque mon mari devait régler certains détails administratifs concernant les conditions de vente des produits et finaliser les démarches liées au contrat de représentation. Hors, plutôt que d'aboutir dans notre ultime projet, tout s'écroula à nouveau. Ce fut la déception de trop, après quoi la raison l'emporta et gentiment, douloureusement, "nous" décidions de rentrer.  

Une histoire rythmée par d'inimaginables rebondissements, passionnante, enrichissante, aussi impulsive qu'insolite. Passage incontournable de mon existence, Mumbai fut l'épreuve la plus troublante et la plus révélatrice de ma vie. 

Voilà pour aujourd'hui, je m'étais promise quelques lignes, c'est chose faite.  Je me retrouve dans cette dynamique de partage, et m'en réjouis. C'est ici que je vous donne dorénavant rendez-vous pour échanger des idées, des projets, des histoires entremêlées d'ici et d'ailleurs, et partager très bientôt un premier aperçu de mon livre. Peut-être marquera-t-il le début d'une nouvelle aventure?!